“Suis-moi”, “précède-moi”, “porte cette charge”: le droïde de la start-up lyonnaise TwinswHeel a déjà séduit la SNCF, Renault-Nissan et Siemens. Demain, il pourra livrer des colis postaux, porter les courses à domicile et même payer à la place des clients.
“Fin 2017, nous livrerons un droïde fait sur-mesure pour le technicentre de la SNCF d’Oullins (Métropole de Lyon), après y avoir testé un prototype”, explique à l’AFP Vincent Talon, co-concepteur avec son frère jumeau Benjamin de ce véhicule terrestre qui sait suivre ou précéder, comme un petit chien, un piéton auquel il est appairé ou… un agent SNCF.
Les frères Talon ont créé la start-up TwinswHeel en 2014 pour développer et commercialiser ce droïde dont il existera cinq versions, progressivement mises sur le marché d’ici à 2020: du “cobot” (robot collaboratif) au droïde autonome jusqu’aux boîtes aux lettres, en passant par le droïde télé-opéré, celui autonome sur site fermé, ou en ville.
Hors usage industriel, ce droïde “pourra être le caddie de demain, portant les emplettes d’un magasin à l’autre dans un centre commercial”, s’enthousiasme Vincent Talon. “Il saura faire la queue à la caisse et payer, tandis que vous prendrez un café, et pourra vous suivre jusque chez vous, que vous rentriez à pied ou à vélo !”
Petit bémol, la France ne permet pas aujourd’hui à des véhicules autonomes de circuler sur la voie publique. “Mais nous espérons que la réglementation va changer d’ici 2020”, relève Vincent Talon, lors d’une démonstration du droïde au technicentre de la SNCF. “Quand on parle de véhicule autonome, il y a toujours quelqu’un qui le surveille par réseau 4G ou wifi.”
Une entreprise de la Silicon Valley l’utilise pour distribuer des fruits ou des boissons aux employés. Le droïde peut par apprentissage réaliser ces tâches seul, 24h/24.
Quant à La Poste, elle mise sur le droïde autonome pour livrer colis et courrier à l’avenir. “Cela permettra aux facteurs de se consacrer aux nouvelles tâches d’aide à la personne”, note Vincent Talon.
Pour circuler dans les rues, le droïde se base sur des cartes très précises des villes, grâce à ses capteurs et des GPS. Très agile, il tourne sur place, peut rouler jusqu’à 6 km/h sur les trottoirs, qu’il sait franchir, sur route jusqu’à 30 km/h, et passe partout où va un humain.
“En cas de difficultés, nous pouvons reprendre la main grâce à la liaison 4G. Ce droïde va livrer vos colis en bas de chez vous ou, dans la version ultime, dans les boîtes aux lettres”, détaille son concepteur.
“C’est la Métropole de Lyon qui nous a mis en contact avec TwinswHeel. Un prototype conçu pour La Poste, avec une boîte fermée, a été mis à l’épreuve sur le terrain à Oullins”, indique Julien Fournier, ingénieur “référent digital” du technicentre de la SNCF. Ce dernier déménagera d’ailleurs au premier semestre 2019 à Vénissieux, dans la périphérie Est de Lyon.
“Notre +cobot+ sera plus haut que celui de La Poste et supportera une plateforme pour transporter des caisses ou des outils à travers le site où nous réparons tous les moteurs électriques” des trains, précise-t-il. “Le droïde facilitera le travail des agents. Il ne les remplace pas mais les assiste”, insiste Julien Fournier. “On est vraiment dans la robotique collaborative.”
Doté de deux grandes roues jumelles, ce véhicule terrestre aux allures de R2-D2 (le droïde de “Star Wars”), équipé d’un Lidar (système de télédétection par laser), de caméra 3D et de capteurs, peut porter jusqu’à 40 kg (contre 2,5 kg autorisés pour un drone). Il a une autonomie d’environ 10 km ou d’une journée de travail en site fermé.
Aujourd’hui, la start-up vend ses droïdes à prix coûtant pour se faire connaître et participe à de nombreux salons comme Post Expo, en septembre à Genève, ou le CES (Consumer Electronics Show) de Las Vegas en janvier.